Gestion de la ressource en eau de l’île de Ré : des initiatives territoriales récemment engagées.

Tout d’abord, quelques indicateurs qui caractérisent succinctement les conditions d’approvisionnement et de consommation de l’eau pour l’île de Ré.

Qu’elle soit destinée à satisfaire les besoins domestiques, industriels ou de loisirs (piscines, camping, …), l’eau potable consommée dans l’île est intégralement « importée » du continent ; essentiellement à partir de prélèvements dans les eaux de surface de la Charente et de la Laye ; après traitement dans l’usine de production d’eau potable de Sainte Hippolyte, près de ROCHEFORT.

Si en moyenne annuelle notre consommation en Ré est de l’ordre de 2,5 millions de m3/an, soit + ou – 7 000 m3/jour, elle fluctue dans un rapport de plus de 1 à 4 entre une journée d’hiver (4 000 m3/jour) et une journée estivale de haute fréquentation (17 000 m3/jour).

En aval de leurs différentes utilisations, les eaux usées sont dirigées et traitées dans les 5 stations de traitements (« STEP ») de l’île : Sainte-Marie, La Flotte, La Couarde, Ars en Ré et Les Portes. En sortie de ces traitements, conformes aux réglementations en vigueur, les eaux sont pour partie rejetées en mer et pour une autre partie, réutilisées en irrigation agricole, dans le respect des règles et normes sanitaires qui s’imposent à ce type de réutilisations d’eaux usées traitées.

Rappelons qu’en matière dirrigation agricole, parallèlement aux installations listées ci-dessus, coexistent sur le territoire des pratiques de pompages en nappe phréatique. Pratiques majoritairement informelles et qui, dans ce cas, se dispensent des exigences de déclaration et autres règles qui encadrent les prélèvements en nappes phréatiques. Ces pratiques n’ont donc pas permis jusqu’à aujourd’hui, de mesurer les volumes ainsi prélevés.

  

On retiendra que, sauf exception, c’est en périodes de moindre pluviométrie, de plus fort taux d’évaporation et de moindres niveaux des nappes phréatiques que s’expriment les plus fortes tensions sur la ressource en eau. Tensions aggravées dans le cas de l’île de Ré, par l’intensité de sa fréquentation coïncidant en règle générale avec ces périodes. S’ajoute bien sûr à ces facteurs de complexité pour la gestion de la ressource en eau, toutes les incertitudes générées par le réchauffement global et par le dérèglement des régimes climatiques.

 

                                         INITIATIVES ENGAGEES

C’est en parfaite prise en compte de ces données, que les initiatives ci-après ont été élaborées par et pour le territoire, dans une perspective de sobriété et de protection de la ressource en eau.

Le syndicat des eaux de Charente Maritime EAUX 17 et la Communauté de Communes de l’île de Ré, ont ainsi coordonné leurs moyens pour engager cette année 2024, un ensemble d’études qui poursuivent les objectifs suivants :

  • Baptisée Étude pour une île sobre en eau, solutions alternatives, confiée au bureau d’études ECOFILAE, cette première étude a pour objectifs d’identifier et évaluer la faisabilité technique et économique de toute solution permettant de réduire les volumes d’eau potable consommés.

Elle cible prioritairement la faisabilité de dispositifs de réutilisations en boucles d’une partie des eaux consommées par les grands utilisateurs professionnels de l’île ; en commençant par les campings, hôtelleries de plein air, ou encore AQUARÉ.

Des résultats intermédiaires ont été restitués en juin dernier, avec un important volet réglementaire qui recentre l’étendue des solutions envisageables.

De manière induite, cette étude, qui devrait s’achever début 2025 en élargissant les cibles de grands consommateurs, apportera beaucoup d’informations précieuses sur la ventilation de la consommation de l’île, entre ses différents usages.

  • Lancée en juillet dernier, confiée pour sa réalisation au BRGM, une seconde étude a pour objectifs de dresser un état des lieux approfondi, quantitatif et qualitatif, de la ressource en eaux souterraines de l’île. Ceci en prenant pleinement en compte ses perspectives d’évolution et de pérennité de sa disponibilité dans la durée, face au risque de pénétration des eaux saumâtres et salées.

Dans ce cadre, elle prévoit d’inventorier tous les pompages actuels pratiqués dans la nappe phréatique ; notamment en vue d’en organiser une indispensable mise en conformité avec les réglementations en vigueur.

Sur ces bases, l’étude identifiera tant l’étendue et les limites des prélèvements et valorisations possibles de cette ressource que les dispositions à prévoir pour la protéger durablement.

Ces études prolongent et renforcent sensiblement les dispositions préexistantes du volet « Ressource en eau » du Schéma de Développement Durable de la CDC.

En ce sens, elles se présentent comme la contribution directe de notre territoire à tous les objectifs visés par le PLAN EAU, dont celui de la sobriété, à traduire par une     réduction globale de 10 % des prélèvements à l’horizon 2030.

En fonction des résultats de ces études, des dispositions particulières d’aménagement auront vocation à s’inscrire dans le P.L.U.I, dont la révision vient de débuter.

L’avancement de ces études est suivi par le Comité de pilotage eau, récemment constitué par la CDC, au sein duquel Ré- Avenir, aux côtés des élus, des services et opérateurs techniques, représente le collège des associations Rétaises.